Dégustation - Le nez

Apprivoisez les arômes !

Une fois la bouteille choisie et ouverte à l’avance, dès le verre servi une indescriptible alchimie va s’opérer de seconde en seconde au contact de l’air : le vin va évoluer de manière très rapide, et ses émanations, subtiles et fugaces, vont se modifier au gré de l’expression de sa composition et de la température ambiante. C’est pour cela qu’on le sniffe, qu’on l’hume en le « reniflant » en plusieurs fois : les fameux « coups de nez ! »

Ecoutez vos émotions… A quoi vous fait penser ce parfum ?

Une fleur ? un fruit ? un sous-bois ? un dessert ?

Si vous penchez pour du floral, diriez vous que cette odeur vous rappelle plutôt celle du chèvrefeuille ou de la rose ? En y revenant, vous avez l’impression de sentir des arômes de fruits rouges, vous hésitez entre la cerise et la framboise ? Ou peut-être même la fraise… à moins que ce ne soit une odeur de banane… Ces parfums peuvent coexister au sein d’un même vin ! Alors, repérez ceux qui vous font vibrer, pour mieux les retrouver.

Expérience amusante : pincez-vous le nez

Goûtez des liquides de même couleur et de même texture en vous pinçant le nez avec les doigts (jus d’ananas, jus de pomme par exemple)…

Les vins jeunes possèdent en général, un caractère fruité qui diminue progressivement dans le temps pour céder la place à des odeurs plus complexes. Les parfums de jeunesse évoluent pour créer le bouquet, caractéristique des vins vieux, composé de nombreux arômes puissants, présents en quantités très faibles et au repérage subtil. Certaines notes, comme celles de café torréfié ou de violette ont une grande intensité aromatique et leur présence est de bon augure.

L’envoûtement

Si vous faites partie de ceux qui ont l’odorat sensible, du nez en somme, ne goûtez pas tout de suite le vin servi, et profitez de cet instant qui est le plus excitant. La tête penchée au dessus du verre, fermez les yeux et laissez-vous emporter par les effluves sans réfléchir. Prenez le temps de savourer toutes ces nuances olfactives…

Chacune est un voyage dans le souvenir des émotions : parfum d’une tonnelle recouverte de glycine, confiture de cerise ou de framboise, bois de cade des armoires, bonbons, promenades en sous-bois ou en garrigue…

Il arrive aussi parfois un grand choc, une détonation nasale se produisant au fond de nos narines, si puissante, riche, raffinée ou complexe, que le cerveau ne sait plus où donner de la tête.

Les neurones olfactifs détectent les molécules et envoient les informations jusqu’à une partie primitive du cerveau, le bulbe olfactif, qui réagira en codant plaisir ou déplaisir selon les émotions qui sont réveillées.

Lorsqu’on aime et qu’on est conquis, il devient difficile d’interrompre ce premier plaisir, cette inspiration émoustillante et d’éloigner son nez du verre. On ne peut le faire qu’en espérant que la suite sera à la hauteur de ce prélude.

Qu'est-ce qui vous fait vibrer ?

Vous aurez envie d’exprimer ces sensations qui font appel à des réminiscences d’anciens plaisirs, et de les partager. Vous vous trouverez alors confronté à deux difficultés : tout d’abord, analyser et mettre des mots sur vos sensations, savoir ce qu’elles vous évoquent précisément, dissocier les arômes entremêlés. Ensuite, pour comparer vos impressions avec d’autres personnes, il vous faudra découvrir les mots ou adjectifs communément employés par les autres. C’est la condition pour pratiquer le langage du vin. On utilise des analogies avec la nature pour décrire les familles d’odeurs.

Une perception qui vous laisse indifférent, amène une grande frustration. Parfois il arrive même que l’on trouve cette odeur franchement désagréable, ce qui gâche en partie la suite du plaisir.

Hélas, il se peut aussi que l’on ait un grand coup de cœur pour le nez, et que l’on soit déçu par la bouche… !

Inversement, la nature réserve parfois des surprises… Un vin sans grande richesse aromatique, au nez sans prétention et peu épanoui, peut surprendre totalement. Alors quand vient le moment de vérité en bouche, quel plaisir inattendu !